Après le clonage réussi de deux singes, au tour de l'homme ?

Alors, à quand les super soldats ???

Clonage 29 01 2018
Les deux petits macaques sont identiques d'un point de vue génétique. REUTERS/China Daily CDI

Deux primates génétiquement identiques sont nés il y a quelques semaines en Chine. Une prouesse qui ouvre les portes au clonage humain, mais soulève des questions éthiques et juridiques.

Des chercheurs de l'Institut de neuroscience de Shanghai ont réussi à mettre au monde deux macaques génétiquement identiques. Baptisés Zhong Zhong et Hua Hua, les deux petits singes jumeaux, fabriqués à partir de cellules foetales cultivées dans une boîte de Petri, sont en vie et en bonne santé depuis huit et six semaines, expliquent les chercheurs, dont l'étude a été publiée dans la revue scientifique Cell

LIRE AUSSI >> Deux singes clonés en Chine avec la même technique que la brebis Dolly

Ce n'est pas la première fois que des primates sont clonés. Cet honneur revient à Tétra, un macaque né en 1999 aux États-Unis grâce à une méthode appelée "division de l'embryon", qui se produit naturellement chez les jumeaux. La technique utilisée pour cloner Zhong Zhong et Hua Hua - la même que pour la brebis Dolly, en 1996 - est un transfert nucléaire de cellules somatiques (SCNT). Bien plus complexe, elle permet théoriquement la création d'un nombre infini de clones, contre quatre maximum pour la division de l'embryon.

Utilisée depuis vingt ans, la "méthode Dolly" a permis de cloner 22 espèces animales - chiens, chats, porcs, etc. Mais elle n'avait, jusqu'ici, jamais fonctionné sur les primates. Ou plutôt elle n'avait jamais abouti sur des primates vivants. La prouesse des chercheurs chinois est donc particulièrement impressionnante, d'autant qu'elle ouvre de nombreuses voies dans la recherche médicale, mais aussi à celle, "en principe", au clonage humain, reconnaît l'un des chercheurs chinois.  

Ce qui relance les questions éthiques, morales et légales âprement débattues depuis la brebis Dolly. Sans compter que cette technologie, qui concerne la planète entière, n'est pas encadrée par les mêmes législations selon les pays. Faut-il pour autant redouter le clonage humain dès demain ? 

To clone or not to clone

Si la méthode chinoise est un véritable pas en avant, "il est peu probable qu'elle puisse être appliquée aux êtres humains", affirme Shoukhrat Mitalipov, professeur de l'Université Oregon Health and Science, interrogé par le New York Times. Ce spécialiste rappelle aussi que les deux singes ont été clonés à partir de cellules foetales. L'équipe chinoise a d'ailleurs précisé que ses tentatives d'utiliser des cellules adultes n'ont pas abouti. Les clones d'humains adultes sont donc encore loin d'être là. 

Zhong Zhong A Cloned Long Tailed Macaque Monkey 6009276
Zhong Zhong, le 10 janvier 2018. REUTERS/Handout

Et même quand ce sera possible, le clonage humain se heurtera fatalement à l'éthique, la morale et plus simplement à la loi. "Je pense que personne ne veut cloner des êtres humains, la société ne le permettrait pas", souligne Muming Poo, chercheur à l'Académie chinoise des sciences, interrogé par l'AFP. Mais une fois qu'une nouvelle technique apparaît, le risque d'une mauvaise utilisation existe", prévient-il. 

"La quête de la gloire"

Raison pour laquelle l'Assemblée générale des Nations unies a interdit le clonage humain, même à des fins thérapeutiques, depuis le 8 mars 2005. En Europe, la Charte des droits fondamentaux de l'UE, adoptée en décembre 2000, interdit également le clonage reproductif des êtres humains. La législation française, elle, fait partie des plus sévères, puisque l'article 16-4 du Code civil français proscrit tout clonage à but eugénique, reproductif ou thérapeutique et punit ces pratiques de peines allant de trente ans à la réclusion criminelle à perpétuité. 

LIRE AUSSI>> Mammouth, aurochs, tigre de Tasmanie... Le retour des animaux disparus 

"La grande question est de savoir si les premiers clones humains seront obtenus dans le cadre d'une transgression délictueuse, estime Axel Kahn, essayiste, médecin généticien, hématologiste et chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), interrogé par France Info. Le clonage sera interdit partout, mais il y aura une telle gloire et tellement d'intérêts financiers pour le premier à transgresser cette règle et cette loi qu'il le fera néanmoins", continue le spécialiste français.  

Le clonage, "une agression sur l'autonomie des personnes"

Le clonage humain est-il, alors, inéluctable, qu'il soit légal ou pas ? "Que les humains soient clonés un jour, oui, moi, j'en ai toujours été persuadé", affirme Axel Kahn. Selon lui, la question est plutôt de savoir si cela sera un jour accepté. Le généticien rappelle les problèmes que cela engendrerait : le pouvoir des géniteurs qui pourront décider de tout du corps d'une progéniture - sexe, couleur des yeux, texture des cheveux, prédisposition à telle ou telle maladie, etc., "une agression contre l'autonomie des personnes", lance-t-il. 

Une position partagée par de nombreux chercheurs, scientifiques, philosophe et les instances internationales, dont l'Organisation mondiale de la santé, qui affirme que l'utilisation du clonage pour reproduire des êtres humains "n'est pas acceptable sur le plan éthique", et "s'oppose au respect de la dignité de la personne humaine et à la protection de la sécurité du matériel génétique humain". 

 

Source : L'Express.fr

Informations complémentaires :