Argent de l'UMP : la liste secrète...

L’article n’est pas nouveau, il date du 25 septembre 2012, mais c’est Brujitafr.fr qui l’a pointé ce matin. Aussi, on a repris la source originale du site Médiapart. J’espère qu’ils ne nous en tiendront pas rigueur, mais à notre humble niveau nous essayons aussi d’informer.

Bref, si vous avez creusé un peu sur le blog, vous verrez que certains protagonistes sont loin d’être des inconnus, vous me direz ça semble « cousu de fils blanc… ».

Mais réagit-on comme cela parce que la vérité est trop crue, ou par crainte de voir le reste aussi se confirmer ?

Comme je l’ai dit, je n’impose aucune vérité, à vous de mixer l’ensemble des infos et de vous faire votre propre opinion, par rapport à votre expérience personnelle.

Amicalement,

F.

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Nicolas Sarkozy

Ils sont 544, très majoritairement des hommes. Ils sont riches et puissants. Certains sont célèbres, d’autres parfaitement inconnus du grand public. Mais tous ont un point commun : ils faisaient partie en 2007 du Premier Cercle, le club très select des grands donateurs de l’UMP, dont Mediapart s’est procuré l’annuaire. L’étude détaillée de cette liste inédite, que l’UMP tient secrète, comme tous les partis le font avec leurs grands donateurs, révèle autant qu’elle interroge sur le tabou français des liens incestueux entre argent et politique, entre intérêts privés et esprit public.

Éditée en juin 2007, au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy, elle révèle tout d’abord la surreprésentation de la haute finance, notamment des banques (Goldman Sachs), des fonds d’investissement et des hedge funds, en lien avec des paradis fiscaux, dans les financements du premier parti de France (en nombre d’adhérents). La part des “délocalisés” du fisc français, installés en Suisse, en Belgique ou à Londres, saute également aux yeux.

Cette liste dévoile aussi une forme, à peine déguisée, de lobbying de grandes entreprises (françaises ou étrangères) et la présence, dans les rangs du Premier Cercle, de plusieurs personnalités étrangères influentes (pour l’essentiel anglo-saxonnes) dont les liens avec la France semblent a priori plus que limités, si ce n’est inexistants.

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Elle interroge ensuite sur les possibles compromissions du précédent gouvernement, quand il s’est montré peu regardant avec certains fraudeurs fiscaux, membres du Premier Cercle. Éric Woerth, son principal animateur à l'époque, est désormais poursuivi pour « trafic d'influence » à Bordeaux dans le cadre de l'affaire Bettencourt, pour avoir négligé la frontière entre ses fonctions politiques de trésorier de l'UMP et celles de ministre du budget.

Cette liste soulève enfin des questions concrètes sur de possibles détournements de l’esprit de la loi sur le financement de la vie publique française.

Autant de raisons qui, face à l'opacité organisée et le soupçon qui entourent les grands donateurs d'un parti, incitent aujourd’hui Mediapart à enquêter sur les membres du Premier Cercle de juin 2007, au nom d’une exigence de transparence, comme c’est la règle aux États-Unis, au Canada ou à l'échelon européen. Rendre publique pour tous les partis la liste de leurs riches donateurs, dont le patrimoine personnel et l'activité professionnelle interfèrent avec la sphère publique, permettrait de prévenir conflits d'intérêts, trafics d'influence ou favoritisme.

Au Premier Cercle, le ticket d’entrée était à l'époque de 3 000 euros – il est de 3 500 aujourd'hui –, mais beaucoup pouvaient débourser le maximum autorisé par la loi, soit 7 500 euros. À eux seuls, les 544 membres du Premier cercle ont ainsi versé tout à fait légalement, en 2007, au minimum 1,6 million d’euros dans les caisses de l’UMP. Sans compter qu’ils étaient incités, en parallèle, à faire un don direct au candidat Sarkozy (4 600 euros autorisés). Sans compter encore qu’ils prenaient parfois leur carte d’adhérent à l’UMP, en s’acquittant d’une cotisation… dont le législateur a omis de plafonner le montant.

Faire partie du Premier Cercle offre de multiples avantages, notamment celui d'avoir un accès privilégié à des responsables politiques de premier plan : le président de la République, le premier ministre ou le ministre du budget qui, en 2007, était aussi le trésorier de l'UMP (Éric Woerth). Ce dernier n'a d'ailleurs pas dit autre chose devant les policiers qui l'ont interrogé en juillet 2010 dans le cadre de l'affaire Bettencourt : « Je veille à ce qu'il y ait une reconnaissance politique de cet engagement financier. Il existe donc des rencontres périodiques, plusieurs par an, réunissant les donateurs (…) autour de responsables politiques. »

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La liste que Mediapart s'est procurée est l’œuvre de Rebecca Jaffrain, employée d’Optimus, une société de communication spécialisée dans le fund raising, recrutée par Éric Woerth pour organiser la collecte. Cheville ouvrière du club, responsable du mailing ou des réunions, Rebecca Jaffrain a refusé de répondre à nos questions. « Je suis très surprise que vous ayez cette liste », a-t-elle balayé. L’annuaire a-t-il beaucoup changé depuis 2007 ? Certains déçus ont depuis rendu leur carte, mais combien ? « Je n’ai rien à vous dire ! » a-t-elle congédié.

Contactés, Dominique Dord et Éric Woerth, l’actuel et l’ancien trésorier de l’UMP, n'ont pas souhaité non plus répondre à nos questions. « Vous jetez des noms en pâture, tance le premier. La liberté d’opinion, ça existe ! Le secret de l’isoloir aussi. » Sitôt après nos appels, un avocat de l’UMP, Me Philippe Blanchetier, s’est en revanche manifesté auprès de Mediapart pour faire savoir qu’il envisageait de saisir la justice si nous venions à publier la liste.

Après plusieurs jours d’identification, de recoupements et de recueil de témoignages, plusieurs enseignements inédits peuvent être tirés de l’étude de cette liste, outre le constat de la présence de personnalités plus ou moins attendues, comme Ernest-Antoine Seillière (Wendel, ancien président du Medef), André Bettencourt (L’Oréal), Jean-René Fourtou (Vivendi), François Pinault (groupe PPR), Robert et Bertrand Peugeot (Peugeot), Serge Kampf (Capgemini), Gérard Pélisson (Accor) Robert Bourgi (avocat de la Françafrique)…

1) l'UMP, parti international

En avril 2006, alors ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy déclarait : « S'il y en a que ça gêne d'être en France, je le dis avec le sourire mais avec fermeté, qu'ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu'ils n'aiment pas. » Beaucoup de ses plus puissants soutiens financiers de l’époque ne se sont pas gênés. C’est le premier constat factuel que l’on peut tirer de l’étude de la liste : sur les 544 membres du Premier Cercle recensés, plus du quart – 140 précisément, selon notre décompte – résident à l’étranger, pour l’essentiel dans des contrées où la fiscalité est plus douce qu’en France.

Ainsi, 64 d’entre eux ont élu domicile à Londres, l’un des paradis fiscaux les plus accueillants selon le magazine Forbes ; 40 aux États-Unis, essentiellement à New York ; 12 en Suisse et 9 en Belgique, deux destinations très prisées par les exilés fiscaux. Les 15 restants se partagent entre le Portugal, le Viêtnam, la Chine, l’Argentine, le Maroc, le Liban, le Brésil, Singapour, le Canada et l’Italie.

Fait surprenant : plusieurs personnalités étrangères ou ayant fait toute leur carrière à l'étranger font partie des grands donateurs de l’UMP.

Dans la liste, on tombe ainsi sur le Canadien Peter Munk, président du leader mondial de l’extraction d’or, Barrick Gold Corporation. Milliardaire, Peter Munk est un associé et ami du marchand d’armes saoudien Adnan Khashoggi. Les activités minières de l’homme d’affaires canadien sont au cœur de plusieurs controverses, concernant des atteintes à l’environnement et les rapports dégradés de sa multinationale avec des populations autochtones.

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Peter Munk avait aussi fait parler de lui il y a une quinzaine d’années quand, à l’occasion de l’assemblée annuelle de son groupe en mai 1996, il avait vanté les réformes économiques du régime Pinochet, occultant le caractère sanglant de la dictature chilienne.

Au Premier Cercle, en 2007, M. Munk côtoie notamment la famille Duroc-Danner (cinq de ses membres en font partie…), établie entre le Texas, Londres et la Suisse. Le patriarche, Bernard J. Duroc-Danner, est le PDG du géant pétrolier Weatherford, dont le chiffre d’affaires a atteint en 2011 les 13 milliards de dollars. Le Wall Street Journal a rappelé à l’été 2011 que les importantes infrastructures de la multinationale en Libye avaient été peu endommagées par la guerre, dont M. Sarkozy fut l’un des fers de lance. M. Duroc-Danner est également une connaissance de Jean-François Copé, l’actuel secrétaire général de l’UMP.

blavatnik.jpgClub décidément sans frontière, le Premier Cercle accueille aussi en son sein le milliardaire russe Leonard Blavatnik – sa fortune personnelle est estimée par le magazine Forbes à 12 milliards de dollars. L’homme d’affaires basé à New York est à la tête d’un empire financier, Access Industries, qui a investi dans des secteurs aussi divers que le pétrole russe (TNK-BP) ou la musique, avec le rachat, en mai 2011, de la Warner Music Group pour 3,3 milliards de dollars.

Leonard Blavatnik a versé il y a quelques années 100 millions de dollars en faveur du complexe culturel “Faena Arts District”, du styliste argentin Alan Faena. Ce dernier est aussi membre du Premier Cercle.

Précision utile : deux cadres d'Access Industries, Lincoln Benett et Mark Shanker, ont également mis la main à la poche pour entrer dans le club privilégié du Premier Cercle. Dans l’annuaire de 2007 que nous avons récupéré, MM. Benett et Shanker ont donné comme adresse personnelle celle de l’entreprise de M. Blavatnik. Une indication qui autorise à s’interroger sur l’origine réelle des fonds ayant alimenté les caisses de l’UMP, personnelle (ce qui est légal) ou professionnelle (ce qui est interdit depuis 1995).

Les représentants des pays anglo-saxons (Angleterre et États-Unis) sont, de loin, les premiers bailleurs de fonds étrangers. Aux États-Unis, le parti profite, il est vrai, de solides réseaux d’influence grâce au clan Sarkozy.

Le demi-frère de l’ancien chef de l’État, Pierre-Olivier Sarkozy (ils ont le même père), était en 2007 et encore après un membre actif du Premier Cercle outre-Atlantique. Ancien de l’Union des Banques suisses (UBS), Pierre-Olivier Sarkozy a rejoint en mars 2008 le groupe Carlyle, dont la figure de proue fut pendant des années l’ancien directeur adjoint de la CIA, Frank Carlucci, un proche de Ronald Reagan. 

Le beau-père de Pierre-Olivier Sarkozy, Frank G. Wisner, est lui aussi membre du Premier Cercle. Diplomate de renom – il fut ambassadeur en Zambie, en Égypte, aux Philippines et en Inde –, Franck G. Wisner est le fils de Franck Wisner, le créateur du service des opérations clandestines de la CIA, dont l’ombre fuyante peut être croisée dans certains romans d’espionnage.

Après avoir quitté les couloirs de la diplomatie américaine, Franck Wisner fils a rejoint le grand cabinet de lobbyistes Patton & Boggs, qui fut notamment impliqué dans les dessous financiers de la libération des infirmières bulgares en Libye, comme Mediapart s’en est déjà fait l’écho.

2) l'OPA du monde de la finance

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les 544 membres du Premier Cercle de juin 2007, 147 appartiennent au monde de la haute finance. Soit, à nouveau, un gros quart. Les plus grands banquiers de la place sont dans la liste : Charles de Croisset (Goldman Sachs), Michel David-Weill (Lazard), David de Rothschild (Rothschild), Nicholas Clive-Worms (Banque Worms), Édouard de Ribes (Rivaud), Charles-Henri Filippi (HSBC)…

S’agissant de la dizaine de grands donateurs de l’UMP résidant en Suisse, une majorité sont banquiers : Henri Danguy des Déserts (ancien de SG Private Bank), Jean-François de Clermont Tonnerre (banque Hottinger), Aimery Langlois-Meurinne (ancien de GBL et Meryll Linch), Christophe Mazurier (banque Pasche) ou Marc Odendall (ancien de Meryll Linch et JP Morgan).

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Trois responsables de Lehman Brothers, dont la faillite en septembre 2008 a révélé des pratiques comptables plus que douteuses du géant bancaire, figurent également dans l’annuaire du Premier Cercle : Nicolas Pourcelet (managing director), Alexandre Capez (head of structured volatility) et Benoît d’Angelin (co-director investments Europe).

Trois cadres de la banque d’investissements new-yorkaise Cantor Fitzgerald, spécialisée dans le courtage de bons du Trésor américain et liée à la Réserve fédérale de New York, ont financé l’UMP : Alexandre Artus, Avi Bouhadana et Michael Halimi. Les trois ont élu domicile entre Londres et New-York.

Les hedge funds, ces fonds spéculatifs opaques et dérégulés, symboles du « capitalisme de casino », sont eux aussi bien représentés par leurs dirigeants dans la liste des grands donateurs de l’UMP : Talaris Capital, Concerto Capital Management, Alphagen, Centaurus, Blackstone, Amber Capital… La plupart d’entre eux sont liés de très près aux paradis fiscaux, ceux-là mêmes que Nicolas Sarkozy dit avoir fait disparaître une fois élu – ils ne se sont en réalité jamais aussi bien portés.

Les archives de l’Autorité des marchés financiers (AMF) rappellent par exemple que le hedge fund Amber Capital, dont le patron Joseph Oughourlian est membre du Premier Cercle, est implanté aux îles Caïmans. De même qu’Olivier de Montal, ancien administrateur d’un hedge fund, Olympia Capital, lui aussi grand donateur de l’UMP, qui a revendiqué en janvier 2009 auprès des autorités américaines une domiciliation personnelle dans les îles Caïmans (voir document ci-dessous).

Autre membre du Premier Cercle, l’homme d’affaires Éric Le Moyne de Serigny, ancien collaborateur de l’ombre d’Éric Woerth au ministère du budget, avait quant à lui été qualifié d’« ange du paradis fiscal » par le site Rue89, qui avait publié une enquête révélant, documents à l’appui, l’implication de M. Serigny dans l’administration de sociétés-écrans au Panama.

3) les cas Goldman Sachs et Pizzorno

goldman_sachs_ns.jpgCela ressemble à une galaxie. En affinant les recherches sur les membres du Premier Cercle, plusieurs dirigeants ou cadres supérieurs d'une même entreprise apparaissent dans la liste des riches donateurs de l’UMP. Le cas le plus flagrant est celui de la banque Goldman Sachs, dont un récent documentaire diffusé sur Arte, Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde, a montré les liaisons dangereuses entretenues avec le monde politique.

Pour ce qui concerne l’UMP, nous avons pu recenser pas moins de huit responsables de la banque dans la liste des membres du Premier Cercle : Jean-Luc Biamonti (managing director), Charles de Croisset (vice-président Europe), Isabelle Ealet (responsable mondiale commodities), Laurent Dupeyron (co-dirigeant de l’european equity), Pierre-Henri Flamand (directeur du desk global), Hugues Lepic (banquier associé), Philippe Khuong-Huu (chef du département global interest rates products) et le trader Carole Bettane.

Est-ce un hasard ? Une convergence de convictions personnelles ? Ou un authentique lobbying d’un géant mondial de la finance. Chez Goldman Sachs, on répond qu’il s’agit d’une « coïncidence » et que c’est « à titre personnel que de l’argent a été versé à l’UMP ».

Autre cas d’école, celui du groupe Pizzorno, spécialisé dans le traitement des déchets. La société, basée à Draguignan (Var), est impliquée dans une affaire de corruption présumée en Tunisie où elle a fait travailler l’ancien ministre de la défense François Léotard. L’annuaire du Premier Cercle fait apparaître qu'une grande partie du comité de direction du groupe a rejoint le club des grands donateurs de l’UMP : Francis Pizzorno (PDG), Frédéric Devalle (directeur général), Maria-Pilar Carrozza (directrice financière), Philippe Bonifacio (directeur juridique) et Frédéric Balse (directeur de la propreté). 

Joint à plusieurs reprises ces derniers jours, Francis Pizzorno, le fondateur du groupe, a refusé de répondre à nos questions. « Je n’ai rien à vous dire. Écrivez ce que vous voulez. Allez vous faire voir »,s’est-il emporté. Frédéric Balse assure qu' «il s'agissait pour sa part d'une démarche personnelle et qu'il n'y a eu aucune consigne de l'entreprise ». Bizarrement, il s'étonne qu'on n'ait trouvé que cinq dirigeants de Pizzorno dans la liste : « J'imagine qu'il y a eu d'autres donateurs parmi les cadres… »

Cet exemple interpelle. D’après nos informations, le président de la commission nationale chargée de vérifier les comptes des partis (la CNCCFP) s’est récemment inquiété des risques de détournement de la législation : si la loi interdit bien les dons des entreprises depuis 1995, un patron peut demander à ses cadres de signer un chèque en leur nom, en échange d'un “remboursement” en interne sous forme de primes.

Dans une moindre mesure, le cas de la société Acadomia, entreprise de soutien scolaire qui bataille régulièrement pour que Bercy maintienne l’avantage fiscal consenti à ses clients, fait également tiquer. Son président-fondateur, Maxime Aiach, son directeur général, Philippe Coléon, et son directeur financier, José Dinis, figurent dans la liste des 544. Sollicités par l’intermédiaire de leur service de presse, ils n’ont pas souhaité nous rappeler.

4) le cercle des ennemis de l'impôt

Ils ne parlent que de ça. Selon un ancien membre du Premier Cercle, la question fiscale est – avec les 35 heures – le premier sujet de conversations des membres du Premier Cercle quand ils sont réunis par l’UMP, généralement à l’hôtel Bristol (à deux pas de l’Élysée) ou au cercle Interallié.

De fait, outre les “exilés” fiscaux et les représentants d’institutions implantées dans les paradis fiscaux, le Premier Cercle compte en son sein plusieurs personnes qui ont maille à partir avec l’administration au sujet de leurs impôts.

Exemple avec l’homme d’affaires Maurice Bidermann, à l’origine de l’affaire Elf dans les années 1990. Toujours assis au premier rang lors des réunions du Premier Cercle, très actif dans les discussions, Maurice Bidermann est un homme de réseaux, proche d’Éric Woerth et de Claude Guéant.

Officiellement ruiné en France, au point de ne pas pouvoir payer les dommages exigés dans l’affaire Elf, il jongle pourtant avec les holdings au Luxembourg, en Suisse et au Liban, comme l’a déjà raconté Mediapart. En 2006, l’épouse de Maurice Bidermann, la seule du couple officiellement domiciliée en France, a reçu un avis de notification des services fiscaux. Moins d’un an après, le 8 juin 2007, un mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, le fisc lui faisait savoir que le contrôle était finalement achevé « sans rectification ». Un cas rare pour l’administration fiscale...

Maurice Bidermann est également associé avec un financier libanais de premier rang, le cheik Bechara el-Khoury, actionnaire entre autres de la banque Audi Bank. Membre lui aussi du Premier Cercle, Bechara el-Khoury a été nommé en 2009 consul de… Monaco.

demaistre_ns.jpgD’autres illustres “ennemis” de l’impôt français se retrouvent dans l’annuaire. Comme Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, grand chef d’orchestre de la fraude fiscale de l’héritière de L’Oréal et lui-même détenteur d’un compte à la HSBC en Suisse, comme l’a raconté l’ancien procureur de Nice, Éric de Montgolfier. En janvier 2008, le ministre du budget et trésorier de l'UMP, Éric Woerth, remettra la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, qui se trouve aussi être l’employeur de sa femme. Le mélange des genres vaut aujourd’hui à l’un et à l’autre des mises en examen pour « trafic d’influence » par le juge bordelais Jean-Michel Gentil.

André Bettencourt, le défunt mari de la multi-milliardaire Liliane Bettencourt, dont le fisc a découvert l’étendue de l’évasion fiscale en 2010 après la publication des enregistrements clandestins de son majordome, était, lui aussi, membre du Premier Cercle en juin 2007. Les Bettencourt étaient détenteurs de douze comptes à l’étranger non déclarés au fisc, mais ne seront contrôlés qu’après les révélations de Mediapart sur leur patrimoine trois ans plus tard. Jusque-là, et depuis des décennies, le fisc ne s’est jamais penché sur leur situation fiscale. Du jamais vu.

La bataille familiale pour le contrôle de la fortune du clan n'a pas empêché Françoise Bettencourt, la fille de Liliane et André, et son mari Jean-Pierre Meyers, de s'inscrire eux aussi au Premier Cercle, animé par Éric Woerth.

Autre exemple, celui de Guy Wildenstein, homme d’affaires et marchand d’art, au cœur avec son frère Alec de lourds soupçons judiciaires et fiscaux au sujet de l’héritage pharaonique – on parle de 4 à 5 milliards d’euros – légués par leur père. La justice a mis au jour un réseau complexe de trusts domiciliés dans un nuage de paradis fiscaux (Bahamas, Guernesey, îles Vierges britanniques…). Alec et Guy Wildenstein sont tous deux membres du Premier Cercle et la question d’éventuelles protections politiques sur leur situation fiscale est aujourd’hui ouvertement posée.

Dernière illustration avec l'ancien président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, autre membre du Premier Cercle visé par des soupçons de « fraude fiscale ». Le parquet de Paris a ouvert une enquête au mois du juin à la suite d'une dénonciation de Bercy. Président du conseil de surveillance du groupe Wendel, le baron Seillière est soupçonné d'avoir monté une opération financière frauduleuse lui ayant permis de toucher 65 millions d'euros, sans verser un centime d'impôt. Son domicile et le siège de Wendel ont été perquisitionnés mardi 25 septembre, selon Le Monde.

5) des familles engagées

mulliez_mid.jpgDans la liste, certains patronymes se multiplient comme des petits pains. La famille Guerrand-Hermès (groupe de luxe Hermès), par exemple, se distingue avec cinq représentants. Le cas le plus frappant ? Quatorze Mulliez (Gérard, Thierry, Vianney, André, Arnaud, Marie, etc.), membres d’une des familles les plus riches de France, aux manettes de la holding propriétaire du groupe Auchan. Quant au Franco-Libanais Jacques R. Saadé, PDG de la troisième compagnie de fret maritime au monde (CMA-CGM), il a rejoint le Premier Cercle avec quatre de ses proches, dont son fils Rodolphe.

Si la CMA-CGM est peu connue du grand public, l’un de ses yachts de luxe baptisé Le Ponant, 88 mètres de long, a fait la Une des journaux en avril 2008, pris en otage par des pirates somaliens au large du golfe d’Aden. À l’époque, alors que Rodolphe Saadé, directeur général de la société, négocie à la radio avec les pirates sous la supervision du GIGN, Jacques Saadé, le père, rencontre son ami Nicolas Sarkozy à Paris à plusieurs reprises, pour discuter des opérations. Faut-il payer la rançon ? Tout de suite ? Au bout d’une semaine, la trentaine d’otages sera libérée par la marine française (voir ici).

Après tout, rien de surprenant. On partage souvent les mêmes convictions en famille. Mais dans certains cas, d’après un témoignage recueilli sous le sceau de l’anonymat, des membres du Premier Cercle contournent la loi (qui leur interdit de verser personnellement plus de 7 500 euros), en proposant un « deal » à leurs proches (parents ou amis) : « Tu signes un chèque au bénéfice de l’UMP et je te rembourse sur-le-champ. » Pour ces donateurs, c’est tout bénéfice : ils auront le droit de défiscaliser 66 % du montant.

Rien n'indique que les familles citées plus haut aient ainsi détourné la législation en vigueur. Mais seule la transparence peut les obliger à répondre à ce type de questions.

 

Source : Mediapart.fr via Brujitafr.fr

Informations complémentaires :


_Goldman Sachs - La banque qui dirige le monde 1/2 par tchels0o / Partie 2


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