Grèce : Tsipras s’allie avec la droite souverainiste

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En apportant son soutien à Alexis Tsipras ( à droite), le président de la formation de droite des Grecs
Indépendants, Panos Kammenos permet à la coalition de gouverner. - FP PHOTO / POOL/ Lefteris Pitarakis

Le parti de la gauche radicale grecque Syriza va former un gouvernement de coalition avec l'appui du parti des Grecs indépendants, a annoncé lundi matin le chef de file de la petite formation de droite.

Alexis Tsipras, le chef de file du parti de gauche Syriza, grand vainqueur des élections législatives en Grèce , pourra constituer dès ce lundi le nouveau gouvernement de la Grèce, le premier de l'histoire du pays conduit par un parti d'extrême gauche. Lui-même sera officiellement nommé Premier ministre à 14h00 (GMT) a confirmé la présidence République.

Avec 149 sièges obtenus sur 300, il manquait deux sièges à Syriza pour disposer de la majorité absolue. Ce petit problème vient d'être surmonté. Le leader du parti de droite des Grecs Indépendants, Panos Kammenos, qui s'est entretenu dans la matinée avec Alexis Tsipras, l'a fait savoir : "Je veux annoncer qu'à partir de ce moment, la Grèce dispose d'un gouvernement", a-t-il lancé lundi à l'issue de leur entrevue en sortant, en milieu de matinée, du siège de Syriza à Athènes. "Les Grecs Indépendants voteront la confiance au Premier ministre Alexis Tsipras. Il y a un accord de principe. Le Premier ministre verra dans la journée le président pour sa prestation de serment et annoncera la composition du gouvernement auquel les Grecs indépendants participeront", a-t-il ajouté.

Unies, les deux formations cumuleront une majorité de 162 sièges (149+13) sur 300 sans que la répartition des postes au sein du futur gouvernement soit encore connue.

Alexis Tsipras a également souhaité des rencontres avec To Potami ainsi qu’avec les communistes du KKE avant la constitution de son gouvernement.

Le parti des Grecs indépendants va soutenir Syriza

Avec 13 élus au Parlement grec, le parti de droite des Grecs indépendants servira de partenaire de coalition à la gauche radicale Syriza, qui a raté la majorité absolue à deux sièges. Créé en 2012 à la suite d'une scission au sein de Nouvelle démocratie, la formation de droite du Premier ministre sortant Antonis Samaras, le parti des Grecs indépendants diffère de Syriza sur nombre de sujets de société, comme l'immigration illégale, qu'il veut réprimer, ou les liens entre l'Etat et l'Eglise orthodoxe, qu'il défend. Il se retrouve en revanche sur la même ligne dans son rejet des contreparties liées aux 240 milliards d'euros des plans d'aide accordés à la Grèce par ses partenaires internationaux.
Pour Panos Kammenos, le plan de sauvetage octroyé par l'Union européenne, la BCE et le FMI a rabaissé la Grèce au rang d'une colonie. "Nous ne nous agenouillerons jamais comme des mendiants devant (Angela) Merkel, nous resterons debout", a-t-il dit vendredi dans son dernier meeting de campagne, appelant le peuple grec à se battre dans l'unité "pour rétablir la souveraineté et la dignité nationales". Le parti de Kammenos veut effacer une large partie de la dette grecque, qui représente aujourd'hui 175% du produit intérieur brut du pays, et réduire les taux supérieurs d'imposition pour attirer les investissements, créer des emplois et permettre aux petites entreprises de retrouver des sources de financement.

Tsipras devra faire des compromis, déclare Schulz

Comment la victoire, en Grèce, de la gauche de la gauche est-elle perçue à l'étranger ?

A Bruxelles, la Commission européenne a fait remarqué que beaucoup de progrès avaient été faits depuis des années et que donc elle allait continuer à l'aider. De même, au nom de l'Eurogroupe qu'il préside, , Jeroen René Victor Anton Dijsselbloem a indiqué être prêt à travailler avec le futur gouvernement.

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Pour l’heure, la Maison Blanche a indiqué espérer travailler « étroitement » avec le prochain gouvernement grec. « Nous félicitons la Grèce pour le bon déroulement des élections législatives  », a déclaré à l’AFP Mark Stroh, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, cabinet de politique étrangère de Barack Obama, actuellement en visite en Inde. « Nous espérons travailler étroitement avec le prochain gouvernement », a-t-il ajouté.

De son côté, le Wall Street Journal, pragmatique, s'interroge  : "Et maintenant  ?

A l'instar de François Hollande, qui a félicité Alexis Tsiparas pour son élection , le président russe Vladimir Poutine a félicité lundi le dirigeant du parti de gauche grec. "Le chef d'Etat russe a exprimé la certitude que la Russie et la Grèce continueront de renforcer la coopération traditionnellement constructive dans tous les domaines et pourront coopérer de manière efficace pour régler les problèmes actuels en Europe et dans le monde", a pour sa part réagi le Kremlin dans un communiqué.

Quid de l'Europe, à la recherche d'un compromis délicat avec Athènes qui exige une restructuration de sa dette ? S'exprimant lundi matin sur une radio allemande, le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz a rendu compte de son entretien avec Alexis Tsiparas. "Je lui ai dit (...) que je ne peux pas m'imaginer que les revendications radicales que lui et son parti ont émises jusqu'ici d'une part trouvent une majorité en Grèce, d'autre part que les partenaires de l'UE y souscrivent. Il va devoir trouver des compromis avec ses partenaires européens, et je crois qu'il le sait. Aujourd'hui c'est le jour d'après les élections, et c'est aussi le jour de la raison", a-t-il déclaré. L' Allemand a appelé les Européens à "parler" avec le leader de grec tout en excluant la piste d'une renégociation de la dette grecque.

Interrogée elle aussi au sujet d'un effacement de la dette grecque , la directrice général du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, sur la même ligne que la BCE , l'a rappelé : " Il y a des règles à respecter. On en peut pas faire des catégories spéciales pour tel ou tel pays".

De son côté, à Londres, le Premier ministre britannique David Cameron n’a pas caché son inquiétude suite à ces résultats. Et indiqué dès dimanche soir que la victoire du parti de gauche radicale Syriza en Grèce lors des élections législatives allait "accroître l'incertitude économique à travers l'Europe".

 

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Source(s) : Lesechos.fr via Maître Confucius
 

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