Les Bourses « de l'ombre » prospèrent en Europe…

Pendant ce temps... Les dark pools explosent...

Rappelez-vous bien : « Socialisation des pertes et privatisation des profits… »

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La part de marché des dark pools en Europe s'est élevée à 5,84% sur le seul mois de septembre, contre
2,8% deux ans plus tôt, selon Thomson Reuters et Markit. REUTERS.

Au cours des six derniers mois, les volumes de titres échangés au sein des « dark pools » ont bondi de 45%, en Europe, pour atteindre le montant record de 207 milliards d'euros, d'après la société Fidessa.

L'attitude actuelle des régulateurs européens face aux "dark pools" n'est pas sans rappeler le désarroi du docteur Frankenstein à la vue du monstre qu'il a involontairement engendré. Un petit rappel des faits s'impose : en 2007, juste avant que n'éclate la crise des "subprimes" (crédits hypothécaires américains à risque), la directive MIF (marchés d'instruments financiers) ouvre le marché boursier européen à la concurrence. Au côté des opérateurs de marché historiques comme Euronext ou le London Stock Exchange se développent alors, notamment à l'initiative des banques qui y voient un relais de croissance, des "dark pools."

 Si ces plates-formes d'échanges électroniques sont appelées "bassins opaques", c'est parce qu'elles permettent aux investisseurs - essentiellement institutionnels - d'acheter et de vendre de gros blocs de titres en gardant leur anonymat, et sans que le prix des transactions ne soit communiqué au reste du marché. Toutes ces informations ne sont rendues publiques qu'après la clôture de la Bourse, ce qui permet d'éviter les importants décalages de cours que le passage de ces ordres massifs est susceptible d'engendrer.

 Les volumes d'échanges sur les dark pools ont bondi de 45% en Europe

 Six ans après l'entrée en vigueur de la directive MIF, les dark pools prospèrent. Au deuxième et au troisième trimestre 2013, les volumes d'actions européennes échangées sur ces "Bourses de l'ombre" ont bondi de 45%, à 207 milliards d'euros, au total, un niveau encore jamais atteint, d'après Fidessa, un éditeur britannique de logiciels pour les marchés financiers. A titre de comparaison, les volumes d'actions échangées sur l'ensemble des marchés européens, au cours des six derniers mois, ont progressé de 2%, seulement, à 4800 milliards d'euros.

 Résultat, la part de marché des dark pools ne cesse d'augmenter : elle s'est élevée à 5,84% de l'ensemble des volumes d'actions européennes échangées sur le seul mois de septembre, contre 2,8% seulement deux ans plus tôt, selon les données de Thomson Reuters et de Markit. Aux Etats-Unis, cette proportion est de l'ordre de… 33%.

 Un risque de fragmentation de la liquidité

 Un essor qui inquiète les régulateurs, ceux-là même qui ont été à l'origine des dark pools. Celles-ci sont en effet soupçonnées d'alimenter la spéculation. Car comment savoir, par exemple, si un investisseur ne joue pas à la baisse une action sur un marché réglementé dans le simple but de la racheter ensuite à bon compte sur une dark pool ?

A ce manque de transparence s'ajoute une fragmentation de la liquidité des marchés, conséquence de la multiplication des plates-formes d'échanges de titres. Une baisse de liquidité que l'Autorité des marchés financiers a d'ailleurs été identifiée comme un risque systémique, dans sa dernière cartographie des risques.

 Les dark pools représentaient 25% à 30% du marché australien

 Aussi, dans le cadre de la révision de la directive MIF, les régulateurs européens planchent-ils sur un plafonnement des échanges sur les dark pools, qui ne devraient pas excéder quotidiennement 4% des volumes échangés sur l'ensemble des marchés européens.

 L'Australie a employé une méthode plus radicale, en interdisant les transactions sur les dark pools à moins que celles-ci ne s'effectuent à des prix supérieurs à ceux des marchés réglementés. Deux mois après l'entrée en vigueur de cette loi, le 26 mai, les volumes traités sur les dark pools, qui représentaient jusqu'alors 25% à 30% du marché australien, avaient chuté de 40%.

 

Source : Latribune.fr

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