Michael Burry, vedette du film « The Big Short », désigne la prochaine bulle financière (BFM Bourse)

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Spartou m'a montré le chart d'un cercle de traders qui font + 35% systématiquement sur le S&P500 sauf en ... 2008. Bref, comme le disait Béchade, ça gagne à tous les coups... Et ils pensent que ça ne s'arrêtera jamais... ; ))))

Rappel : The Big Short : Le Casse du siècle (Wikipedia)

Big Short 07 09 2019

(BFM Bourse) - Rendu célèbre (et surtout très riche) par la crise des subprimes - il a été l'un des premiers à miser sur l'effondrement du marché immobilier américain - le financier Michael Burry pense avoir identifié d'où viendra la prochaine tempête. À ses yeux, l'engouement pour la gestion passive, via les ETF et autres fonds indiciels, a toutes les caractéristiques d'une bulle.

Dix ans après la crise des subprimes qui l’a rendu célèbre - son incroyable pari à contre-courant d'un marché euphorique a été porté à l'écran dans "The Big Short", où son rôle est joué par Christian Bale - Michael Burry pense avoir identifié la prochaine bulle. Dans une interview à Bloomberg, le gérant à la tête aujourd'hui de Scion Asset Management (340 millions de dollars d’actifs sous gestion) constate une bulle similaire à celle des "CDO", produits synthétiques adossés à des prêts immobiliers d'emprunteurs fragiles, dits "subprimes".

Selon lui, la prochaine bulle à exploser sera celle qu'il constate sur les fonds indiciels et autres ETF ("Exchange Traded Funds", aussi appelés "trackers" ou "fonds négocié en Bourse") - autrement dit la gestion passive.

L'essor de la gestion passive

Pratiquée par des fonds d'investissement d'une taille colossale comme BlackRock, Vanguard (créé par John Bogle) ou Amundi (premier gestionnaire européen), cette "gestion passive" se contente de répliquer les performances d'un indice boursier (CAC 40, S&P 500 ou autre) sans chercher à faire mieux. À l'origine de "l'innovation financière la plus utile" (selon The Economist) en 1976, l'économiste américain John Bogle avait dressé le constat suivant : les gérants font rarement mieux que les marchés. Les rares d'entre eux qui parvenaient à surperformer les principaux indices durant quelques années rentrant dans le rang sur le long terme. Pire, en prenant en compte leur rémunération (très chère), le rendement final pour les investisseurs ressort généralement en deçà des indices.

Cette "gestion passive" s'oppose à la "gestion active" où un gérant choisit individuellement des actions pour tenter de surperformer le marché - contre rémunération. Pour les épargnants, l'intérêt immédiat de la gestion passive est que les frais de gestion sont quasi-nuls, compris entre 0 et 0,25% pour les plus grands fonds, contre plusieurs pourcents par an pour un "gérant actif".

Si le concept a mis un certain temps à convaincre les investisseurs, son triomphe est aujourd'hui total, 20% des investissements mondiaux étant réalisés via des fonds indiciels ou des ETF, un chiffre multiplié par quatre en 20 ans. Pour les actions, la proportion des investissements passifs atteint 43% du marché outre-Atlantique et 30% en Europe, des parts en augmentation constante.

Cette mainmise sur le marché inquiète de plus en plus d'acteurs, et John Bogle lui-même tirait la sonnette d'alarme avant son décès le 16 janvier dernier. "N’avons-nous pas eu trop de succès, pour notre propre bien ?" s'interrogeait-il par exemple dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal en novembre 2018. "Les fonds indiciels devraient finir par dépasser la barre de 50% (du marché actions américain), poursuivait-il. Si c’est le cas, les “trois grands” (BlackRock, Vanguard et State Street, plus de 13,5 milliards de dollars d'actifs sous gestion à eux trois, ndlr) posséderont 30% de la Bourse américaine : un contrôle effectif. Je ne crois pas qu’une telle concentration servira l’intérêt national" concluait-il, inquiet.

Limites et travers des fonds indiciels

Ce n'est pas Michael Burry qui le contredira. Dans une rare interview accordée à Bloomberg News mercredi, le financier affirme que les flux d'investissement qui ne cessent de gonfler à destination des ETF sont en train de créer une distorsion de marché. "Les investissements passifs tels que les fonds indiciels et les fonds négociés en bourse gonflent les prix des actions et des obligations de la même manière que les titres de créance garantis par des hypothèques à risque" [en référence aux CDO qui ont provoqué la bulle immobilière et la crise des subprimes, ndlr] explique le gérant dont la fortune est estimée à quelque 300 millions de dollars.

"Lorsque les entrées massives dans les véhicules passifs s'inverseront, ce ne sera pas beau à voir" prévient-il, ajoutant que "comme pour la plupart des bulles, plus cela dure longtemps, plus le krach sera grave."

Selon lui, cette situation ressemble beaucoup à la bulle des CDO synthétiques adossés à des actifs dans le sens où la fixation des prix sur le marché ne se fait plus via une analyse des fondamentaux et des profils de sécurité des actifs en question mais par des flux massifs de capitaux basés sur des modèles de risque qui - même s'ils ont été récompensés de prix Nobel - se sont avérés faux.

Des problèmes de liquidité

"Le vilain secret des fonds indiciels, développe Michael Burry, c'est la répartition des montants investis dans chaque titre au sein des indices dont ils tentent de répliquer les performances". Autrement dit, la stratégie des fonds d'investissement passif est risquée car, dans chaque indice, si certains titres sont très liquides, d'autres le sont beaucoup moins. Or, les gérants qui reproduisent les évolutions des indices - via des produits dérivés complexes - seraient selon lui piégés par un problème de liquidité en cas de retournement de marché. "Au sein de l'indice S&P 500, par exemple, plus de la moitié des valeurs (266) ont un volume d'échanges inférieur à 150 millions de dollars par jour. Cela peut sembler beaucoup, mais en comparaison ce sont des trillions [milliers de milliards] de dollars qui sont déversés dans ces ETF et indexés sur ces titres". Même constat sur le Russell 1000 au sein duquel 1049 valeurs enregistrent des volumes d'échanges quotidiens inférieurs à 5 millions de dollars (et inférieurs à un million de dollars pour 456 d'entre elles), précise Michael Burry.

Pour schématiser la situation, il explique que "la salle de spectacle continue de se remplir alors que la porte de sortie reste la même" explique-t-il. Et tout cela ne va faire qu'empirer à mesure que la liquidité de l'ensemble des marchés actions et obligataires diminue" prévient-il. Donc à mesure que la part de la proportion des investissements passifs augmente", comme c'est actuellement le cas.

 

Source : BFMTV

 

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