Remise en cause de la loi Littoral : encore un cadeau de Macron aux riches

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Ils vont défigurer tout le paysage littoral pour faire plaisir aux propriétaires, qui pourront faire construire dans ces emplacements qui était avant protégés..., ça vas être beau....

Dents Creuses Loi Littoral 01 06 2018

Le 30 mai, des députés En Marche ont déposé un amendement à la loi ELAN (Evolution du Logement et Aménagement Numérique). Leur ambition ? Remettre en cause la loi Littoral, votée en 1986 à l’unanimité de l’Assemblée nationale. Cette histoire est l’affaire de tout le monde. Mais elle fait les affaires de quelques-uns.

La loi Littoral a permis de protéger l’espace côtier français, en métropole comme en Outre-mer. Elle autorise de nouvelles constructions uniquement si elles continuent une agglomération ou un village existant. De manière exceptionnelle, des hameaux intégrés à leur environnement sont envisageables. Les députés En Marche veulent accomplir le « choc de construction » promis par Emmanuel Macron : non pas en construisant des logements sociaux là où les besoins sont énormes, mais en bétonnant la côte française ! Comment ? En autorisant les élus à définir des « zones intermédiaires » où ils accorderont des permis de construire. Notamment dans les « dents creuses », les endroits non construits entourés de bâtiments.

Il suffit de gratter la surface pour trouver les gagnants et les perdants…

Pour certains critiques, cette absence de conscience environnementale chez Emmanuel Macron et ses proches serait un simple déficit, auquel nous pourrions remédier par la discussion. Je pense au contraire que le président des riches agit de manière cohérente et consistante. En effet, la liquidation du littoral national est un cadeau effectué aux plus aisés de ce pays, au détriment des classes moyennes et des plus pauvres. Il suffit de gratter la surface pour trouver les gagnants et les perdants.

Jetons un coup d’œil aux jugements qui ont été rendus face à des personnes qui souhaitaient construire dans des hameaux littoraux ou dans la bande des 100 mètres depuis le rivage. Ils nous informent sur les activités concernées : extension de maisons imposantes, espaces de boutiques touristiques, complexes hôteliers, centres de thalassothérapie hors de prix… Essentiellement des services rendus aux plus riches et payés par les plus riches. Démanteler la loi Littoral, c’est leur faire un cadeau supplémentaire. Imagine-t-on transformer les espaces littoraux Français en gigantesques casinos et golfs, comme on peut le voir en Espagne ?

Un enjeu écologique, social et de sécurité

Le littoral est un espace écologique. Les « dents creuses » absorbent une partie de la montée des océans. Préfère-t-on construire des nouveaux bâtiments pour payer des digues juste devant ? Bien sûr, l’enjeu est aussi esthétique. Même à cent mètres de la côte, les villas viennent complètement bousculer les plages, les baies et la mer !

Mais il est également social. Car plus une côte est bétonnée, plus les prix montent pour accéder aux derniers endroits naturels raréfiés. Là où la puissance publique se retire, la convoitise et l’argent créent l’abondance pour les uns, et le dénuement pour les autres. Cela implique l’exclusion des milieux populaires, entassés dans de grands complexes industriels. Quant aux habitants des villages bétonnés, ils voient le prix du foncier exploser. Certains se retrouvent chassés de leur ville, d’autres obligés de diminuer leur niveau de vie pour payer les loyers. Bien d’autres problématiques sont associées à l’économie touristique : incapacité de traiter les flux de déchets (multipliés par dix d’un mois à l’autre de l’année), saturation des polluants, concentration des émissions de gaz, infiltration dans les sols… Bref, une attaque en règle contre les touristes les moins riches et les habitants des villes concernées.

La sécurité de la population est également menacée par tout grignotage de la loi Littoral. Les territoires frappés par des catastrophes naturelles comme la tempête Xynthia ou le cyclone Irma ont un point commun : la loi Littoral n’y a pas été appliquée. De même, les inondations meurtrières qu’a connu la France depuis quelques décennies sont en partie imputables à l’artificialisation des sols bétonnés.

A l’heure où le gouvernement étrangle les collectivités locales, cette attaque contre la loi Littoral propose à certaines communes de trouver de l’argent grâce aux spéculateurs immobiliers. Comment peut-on accepter un système féodal sur notre littoral, où les maires disposeraient de tous les droits de constructibilité, mais seraient en même temps mis en concurrence face aux investisseurs privés pour attirer un peu d’investissement ? Cela dessine une reconquête des côtes par le capital financier au détriment de toute la population. Car la jurisprudence qui a été longuement créée en 32 ans d’application risque de s’effondrer d’un coup, créant un vide juridique qui profitera aux plus forts et plus rusés.

De manière plus générale, le démantèlement de la loi Littoral s’inscrit dans la politique de l’offre menée par le gouvernement. Au lieu de procéder de manière rationnelle et organisée aux investissements publics massifs (porteurs de millions d’emplois) pour entamer la transition vers une production, une distribution et une consommation soutenables, il incite le secteur privé à produire à tout prix n’importe quoi, histoire de doper artificiellement l’activité. Mais la protection des zones naturelles n’est pas négociable, car elles constituent une condition de notre propre survie en tant qu’espèce. C’est sans doute ce qu’avait Nicolas Hulot en tête, lorsqu’il a signé la pétition « ne touchez pas à la Loi littoralne touchez pas à la Loi littoralne touchez pas à la Loi littoral » en janvier 2017. Depuis, malheureusement, il est devenu ministre.

 

Source : Marianne.net

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