Bonjour, il aurait peut-être été judicieux de ne pas suspendre sans salaire tous ces soignants formés et opérationnels pour refus de vaccination ? Pour le reste, le manque de moyens à l'hôpital ce n'est pas nouveau..., mais là on en parle pour hystériser le débat et faire porter le chapeau aux non-vaccinés, histoire de bien taper sur la fibre sensible. Les gens comme Martin Hirsch fracturent le pays en deux par leurs discours, et offrent la gestion de nos Hôpitaux sur un plateau d'argent à des cabinets privés, et ils n'en assumeront même pas les conséquences.
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— Collectifs UNIS (@CollectifsUnis) January 31, 2022
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LA VÉRIFICATION - Un document interne de l'AP-HP révèle que la majorité des déprogrammations en Île-de-France résultent de postes restés vacants, et non de la vague Omicron.
Vraiment ? Dans un tweet jeudi, l’épidémiologiste Alice Desbiolles relevait une autre réalité : «Selon l’AP-HP, 18% des salles de blocs opératoires sont fermées. Seulement 4% pour cause Covid», déclarait-elle, s'appuyant sur un document signé de l'AP-HP elle-même. Selon cette même source, les fermetures s’expliqueraient majoritairement par «des postes vacants au bloc».
Selon l’AP-HP, 18% des salles de blocs opératoires sont fermées.
— Dre Alice Desbiolles (@AliceDesbiolles) January 27, 2022
Seulement 4% pour cause Covid.
Les autres fermetures s’expliquent majoritairement par des postes vacants au bloc.
Les déprogrammations qui en découlent n’ont rien à voir avec les patients Covid, vaccinés ou non. 1/2 pic.twitter.com/oQdWA47xdA
«Les déprogrammations qui en découlent n’ont rien à voir avec les patients Covid, vaccinés ou non», en déduit l'épidémiologiste. À raison ? D'où viennent ces chiffres, et contredisent-ils l'idée que le Covid serait responsable des déprogrammations en chaîne dans les hôpitaux ?
VÉRIFIONS. Le document mis en avant par l’épidémiologiste est bel et bien officiel. En date du 24 janvier, ce Power Point de 10 pages, que Le Figaro a pu consulter, a été élaboré par la «cellule d’appui et de coordination de l'offre chirurgicale et interventionnelle», et adressé mardi en interne aux chefs de service, cadres et hospitaliers des 39 établissements de l'AP-HP. Bien qu'incomplets, les chiffres sont clairs. Durant la semaine du 17 au 23 janvier, parmi les 17% des salles fermées, 3% l’ont été pour redéploiement du personnel à cause du Covid, 1% pour l’absence du personnel infecté par le virus. Le reste des fermetures au bloc, soit 13% des salles, est bien dû à la vacance des postes, indique l'AP-HP elle-même.
« Rien à voir avec les premières vagues »
Que disent les acteurs du terrain ? «Ces chiffres confirment ce que nous autres chefs de service sommes nombreux à constater», affirme Michaël Peyromaure, chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin à Paris. Dans son service, il arrive régulièrement qu'une salle d'opération ferme pour absence d'infirmière, le contraignant à annuler trois ou quatre malades au dernier moment. Mais le Covid-19 n'y est pour rien. «Cela n'arriverait pas si nous avions comme avant deux infirmières par salle d'opération, un instrumentiste et une circulante. Comme nous n'avons plus d'instrumentiste par économie de personnel, nous fermons la salle à la moindre absence. Le problème est structurel et ancien !».
Même retour de plusieurs chefs de service contactés par Le Figaro. À l'hôpital Georges Pompidou, un chirurgien déplore ainsi 8 blocs fermés sur 25 depuis novembre, à cause de 30% de soignants en moins. «Nous sommes tous exsangues et épuisés», confie-t-il. Dans le service du professeur Emmanuel Martinod, chirurgien thoracique et cardiovasculaire à l'hôpital Avicenne à Bobigny, ce sont huit lits sur 33, fermés depuis deux ans. «Au début de la pandémie, on réquisitionnait nos lits pour de la réanimation de cas Covid. C'est tout à fait différent aujourd'hui», explique le président de la CMEL des hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis. «Vous avez des lits, des salles entières qui ferment, comme effet chronique des deux années qui ont déstructuré nos services».
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Un problème structurel aggravé par le Covid-19
D'ailleurs, la direction elle-même ne nie pas ces problèmes structurels. Dans Les Échos, Martin Hirsch craignait encore en décembre qu'Omicron provoque encore «un risque d'absences doublé par rapport au risque habituel. Un peu comme si Omicron menaçait de retirer 1000 à 1500 infirmiers de nos établissements - sachant qu'il en manque déjà autant». Le Covid serait ainsi facteur aggravant d'une crise du personnel datant d'une vingtaine d'années, accélérée par deux ans de crise sanitaire. Notamment dans le manque d'infirmières. «Que faut-il pour motiver une infirmière à s'engager ? Qu'elle soit suffisamment payée, qu'il y en ait en nombre suffisant, qu'elle ait le sentiment d'appartenance à une équipe, et trouve du sens à son métier. Or, c'est à l'AP-HP que ces quatre conditions manquent le plus», fait remarquer le docteur Peyromaure.
Même écho du côté des syndicats. Début décembre, entre 15% et 20% des lits étaient fermés par manque de personnel, souligne Christophe Prudhomme, délégué national de la CGT santé. «Une période pourtant de creux de l'épidémie». Par ailleurs, l'année 2021 a marqué 3500 départs d'infirmières de l'assistance publique, contre 1800 recrutements seulement. «On sait qu'il y a une grosse fuite du personnel titulaire pour conditions de travail. Cela, le Covid n'y est pour rien, mais ils nous inondent de chiffres épidémiques sur le nombre de cas, de tests effectués, d'entrées et sorties covid pour nous leurrer», dénonce à son tour Olivier Cammas, responsable de l'Usap-CGT, syndicat de l'AP-HP.
Le Covid comme prétexte
Pourtant les autorités sanitaires continuent de soutenir que les déprogrammations actuelles sont un mal nécessaire pour pallier l'afflux de cas Covid. Le 31 décembre dernier, en pleine vague Omicron, l'agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France sommait les établissements de santé franciliens «de déprogrammer le maximum des activités chirurgicales et médicales» afin de «réaffecter des personnels et ouvrir de nouveaux lits pour accueillir de nouveaux patients Covid». Sachant que «le pic de la vague arrivera fin janvier-début février», «les établissements doivent tenir encore plusieurs semaines», annonçait-elle.
Le Covid-19 aurait-il bon dos ? Sur le graphique contenu dans le rapport, on voit qu'après deux grosses périodes en 2020 et 2021 de déprogrammations dues au Covid-19, depuis l'automne 2021, la proportion est inversée: les fermetures sont soit exclusivement, soit majoritairement liées au manque de personnel.
Pour Michaël Peyromaure, le «plateau» visible en bleu sur les dernières semaines, anormalement élevé, illustre parfaitement la fermeture inédite de 50% des salles de son service depuis cinq mois d'affilée. Un phénomène inédit. «Le personnel est parti, et les intérimaires ne suffisent plus à compenser. En 22 ans de carrière, je n'ai encore jamais vu ça. Vu le manque d'attractivité de l'AP-HP, cela risque de durer des années», s'inquiète le médecin. Un constat que confirme au Figaro un expert en cabinet de conseil, qui accompagne les hôpitaux sur leurs organisations. «D'habitude, les blocs arrivent à trouver des intérimaires, des vacataires. Là, beaucoup de salles sont fermées depuis le mois de janvier, car le Covid a clairement accentué le désengagement».
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Si les chiffres du rapport interne n'ont pas surpris Michaël Peyromaure, le médecin se dit «interpellé» par cet envoi qui, selon l'AP-HP contactée par Le Figaro, n'avait «pas vocation à être rendu public». «L'AP-HP a diffusé à tous un rapport qui allait dans l'exact opposé de son discours officiel», pointe le chirurgien. Ces chiffres, d'ailleurs, sont réclamés en vain par les syndicats depuis de longs mois, en vain. Pourquoi les garder en interne ?
En résumé, les chefs de service en chirurgie de l'AP-HP contactés par Le Figaro sont unanimes: oui, les fermetures pour cause de Covid sont largement minoritaires, et le chiffre de 4% entièrement plausible. Les déprogrammations qui restent nombreuses n’ont rien à voir avec les premières vagues où des salles étaient réquisitionnées pour les cas graves de Covid-19. C'est plutôt l'effet collatéral de la crise sanitaire qui provoque ces fermetures : un exode massif, notamment des infirmières, qui pourrait s'annoncer dangereusement durable.
Source : Lefigaro.fr
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